Invité sur France 24, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, a réitéré avec force la nécessité pour la France de reconnaître sa responsabilité historique envers Haïti. Pour lui, avant toute discussion sur le remboursement de la dette de l’indépendance, la France doit intégrer dans ses programmes scolaires un enseignement sur la colonisation, l’esclavage et le pillage systématique dont Haïti a été victime.
Un appel à la mémoire historique
Lors de cette interview, Leslie Voltaire a déclaré : “La première dette que la France doit payer à Haïti, c’est d’enseigner à chaque petit Français que leur pays a mis Haïti en esclavage pendant des siècles, l’a pillé et lui a imposé une rançon d’indépendance totalement injuste.”
Pour le chef de l’État haïtien, cette omission historique dans les manuels scolaires français perpétue une injustice mémorielle qui doit être corrigée. Il estime que la vérité doit être transmise aux générations futures pour qu’elles comprennent l’héritage de la domination coloniale et les conséquences économiques désastreuses qui en ont découlé pour Haïti.
La dette de l’indépendance au cœur du débat
Le Président Voltaire a profité de cet entretien pour rappeler que la dette imposée par la France en 1825 sous la menace d’une intervention militaire s’élevait à 150 millions de francs-or. Ce montant exorbitant a plongé Haïti dans une spirale d’endettement qui a freiné son développement pendant plus d’un siècle.
Aujourd’hui, si cette dette était recalculée avec les intérêts et l’inflation, elle atteindrait plusieurs centaines de milliards de dollars. Voltaire a souligné que la France ne peut plus ignorer cette question, alors que l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide en avait fait la revendication en 2001, et que plus récemment, Edgard Leblanc Fils a soulevé le dossier à l’ONU lors de la 79e Assemblée Générale.
Selon Voltaire, la France pourrait enfin prendre une position plus claire sur cette question historique. Emmanuel Macron doit s’exprimer en avril prochain, à l’occasion du bicentenaire du premier paiement de cette dette par Jean-Pierre Boyer à Charles X en 1825.
Certains observateurs craignent que cette déclaration soit purement symbolique, à l’image de celle de François Hollande en 2015, qui avait évoqué une “dette morale” sans engagement concret. Mais pour Voltaire, la question est plus pressante que jamais : “Cette dette doit être restituée en espèce et avec intérêt. Ce n’est pas une faveur, c’est une exigence de justice.”
Le Président haïtien ne compte pas s’arrêter à cette déclaration. Il a affirmé qu’Haïti compte porter cette question devant l’ONU et d’autres instances internationales afin que la dette de l’indépendance soit reconnue comme une injustice historique nécessitant réparation.
Alors que la date du 17 avril 2025 approche, Haïti attend avec impatience la position de la France. S’agira-t-il d’un simple discours mémoriel ou d’un véritable engagement pour la justice historique ? Le monde entier sera attentif à la réponse d’Emmanuel Macron.